Le Tech for Good Tour

#developpementdurable#code

Le 30 mars, j'ai participé à l'atelier Tech For Good donné par 3 apprenant.e.s d'Ada Tech School formé.e.s aux enjeux de la tech. Je vous propose de revenir sur cet atelier de 2h via mon expérience personnelle, mais aussi au travers de l'avis de ses trois animateurs.trices : Hélène, Hortense et Johan.


Le Tech for Good Tour

L'atelier Tech For Good (TFGT) est créé en 2019 par deux associations, Latitudes et MakeSense. L'initiative vise à sensibiliser le plus possible de profils tech aux enjeux du numérique d'ici 5 ans. Pour atteindre cet objectif, ils agissent au coeur du "problème" : les profils tech desireux.ses de s'engager dans cette initiative sont formé.e.s puis soutenu.e.s par l'association dans leur entreprise de sensibilisation. C'est ce qu'ont decidé de faire Hélène, Hortense et Johan, tous trois apprenant.e.s à Ada Tech School et reconverti.e.s dans la tech depuis moins d'un an - Hélène était formatrice en insertion, Hortense chargée de projet associatif et Johan oeuvrait au sein d'une association de défense des personnes en situation de handicap. Tous trois engagé.e.s dans leur vie professionnelle passée, c'est naturellement qu'ils.elles ont cherché à donner du sens et à développer une forme d'engagement dans et pour leur futur métier tech.

L'atelier

L'atelier mis en place dure 2h et demande une participation active : impossible d'écouter passivement quelqu'un vous parler d'éco-conception et rentrer chez soi sans quelques idées concrètes à mettre en place. Pour autant, l'engagement des participant.e.s est motivé subtilement et de manière fluide : les animateurs.trices du jour ont été formé.e.s pendant un mois et bénéficient des supports pédagogiques fournis par Tech For Good (TFG) :

La formation a duré un mois, c’était un mélange entre de l’apprentissage individuel grâce aux ressources fournies par le TFGT, et des visios ensemble pour échanger et faire le point sur nos apprentissages. Le moment le plus marquant pour moi a été de faire l’atelier en tant que participante. J’ai compris pour la première fois ce qui allait être attendu de moi en tant qu’animatrice, et je me suis sentie encore plus motivée pour faire découvrir la TFG autour de moi.
(Hortense)

La formation en elle-même est déjà une étape de sensibilisation : tous les trois soulignent à l'unisson l'effet marquant que cette expérience a eue sur eux.elles, et les prises de consciences qui en ont résulté :

Pour moi, l’élément marquant est la découverte que la Tech est finalement autant, voire plus, un vecteur d’exclusion sociale posant des problématiques fondamentales pour nos sociétés.
(Johan)

Une fois les présentation faites, un premier brise-glace permet aux participant.e.s de se rendre compte de l'impact du numérique sur leur vie avec plusieurs simples questions : combien de téléphones avez-vous utilisés ces deux dernières années ? Combien d'appareils connectés composent votre foyer ? Les bases du débat sont posées : premièrement ce que signifie "la tech" et quels sont les objets concernés (spoiler : beaucoup plus que ce qu'on imagine), mais aussi l'impact sur nos vies quotidiennes. L'échelle individuelle prend en outre des proportions vertigineuses, lorsque tous les participant.e.s se rendent compte du total des appareils connectés simplement entre eux. Le jeu suivant est encore plus parlant : séparés en plusieurs groupes, les participant.e.s doivent trouver le titre le plus streamé d'Orelsan en 2023. Oups : un groupe a les yeux fermés ! Le résultat est sans appel : privé de la vue, le groupe concerné n'a réussi a obtenir cette information que laborieusement... L'accessibilité, un grand enjeu du Tech for Good Tour : 97% des sites web ne sont pas accessibles rappellent nos formateurs.trices du jour. Une immense partie de la population est ainsi privée de l'accès aux mêmes informations, données, etc. que les autres.

Problèmes et solutions

Une fois ces premiers jeux effectués, les animateurs.trices nous présentent les enjeux sur lesquels l'atelier va porter : outre la sobriété et l'accessibilité, on trouve aussi la citoyenneté, la diversité et le caractère plus humain de la tech. Les participant.e.s sont séparé.e.s en autant de groupe qu'il existe d'enjeux et se concentrent ainsi pendant la suite de l'atelier sur un enjeu en particulier. Cette séparation est bien pensée : elle permet de se concentrer sur une problématique sans s'éparpiller et, si on desire, de refaire l'atelier autant de fois que l'on veut en s'intéressant simplement à un autre sujet ! Pour ma part, la citoyenneté m'interpellait particulièrement et j'ai donc choisi de rejoindre ce groupe.

Cartes de l'atelier citoyenneté

Nous avons donc échangé pendant 30 minutes sur cinq problèmes liés à la citoyenneté dans la tech : l'évolution des capitalisations boursières des géants de la tech, la rapidité de diffusion des informations sans vérification de sources, la précarisation et l'invisibilisation d'un grand nombre de travailleurs (les "invisibles de la tech"), les différents types de réseaux (centralisé, decentralisé, distribué) et le développement d'internet vers un type plutot qu'un autre. Les problématiques sont concises et illustrées d'exemples qui les rendent très compréhensibles malgré leur caractère parfois pointu : on comprend ainsi que ce n'est pas le numérique en soit qui est problématique, mais la prépondérance et le monopole qui induisent une centralisation des données, un formatage des visions ; que beaucoup de travailleurs.euses du numérique n'ont pas de voix ni de poids dans l'entreprise (ni sur son développement, ni sur sa stratégie, etc.), ne récoltent pas de bénéfices ou des retombées de ces produits ; que les débats sont davantage polarisés ; que si à ses débuts Internet se voulait un réseau distribué, les effets de monopole de plus en plus importants soulèvent des nouveaux problèmes : est-ce bien prudent que 50% des câbles sous-marins soit possédés par les GAFAM ?

La dernière demi heure en groupe permet de discuter de solutions proposées et de les catégoriser sur une matrice allant de plus ou moins d'impact à plus ou moins de difficulté à mettre en place, puis de proposer ses propres solutions. Sans appel, il apparait que les solutions sont souvent plutôt faciles : les outils existent, les informations sont là. Finalement, les participant.e.s sont invité.e.s à discuter entre eux.elles, de manière aléatoire en binômes, ce qui permet l'échange entre les différents enjeux traités et peut combler les frustrations possibles d'être passé à côté d'un aspect ou d'un autre.

En conclusion

On en ressort plus sensibilisé.e.s et avec des actions concrètes à mettre en place dans sa vie quotidienne, que l'on soit developpeur.se ou non, avec l'envie de s'engager pour un monde plus égalitaire même si les pas nous semblent petits. En tant que formateurs.trices, Hélène, Hortense et Johan en sortent doublement grandis :

Je pense que cette formation m’a permis de formaliser ce que je voudrais apprendre et comment en tant que codeuse. Mon intérêt pour le clean code, l'architecture et la structure de données répondent à un besoin de maintenabilité, d'optimisation (pour réduire les ressources). Maintenant, je me pose aussi toujours la question si une feature est vraiment nécessaire ou non, je choisis mes couleurs en fonction de ça… bref cette formation m’a poussé à chercher des choses concrètes à faire en tant que codeuse.
(Hélène)

Propos recueillis auprès d'Hélène, Hortense et Johan en avril 2023.